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Le vicomte de Bragelonne, Tome IV.

Alexandre Dumas

Alexandre Dumas

Le vicomte de Bragelonne, Tome IV

Chapitre CXCVIII – Suite d'orage

Sans doute nos lecteurs se sont dГ©jГ  demandГ© comment Athos s'Г©tait si bien Г  point trouvГ© chez le roi, lui dont ils n'avaient point entendu parler depuis un long temps. Notre prГ©tention, comme romancier, Г©tant surtout d'enchaГ®ner les Г©vГ©nements les uns aux autres avec une logique presque fatale, nous nous tenions prГЄt Г  rГ©pondre et nous rГ©pondons Г  cette question.

Porthos, fidГЁle Г  son devoir d'arrangeur d'affaires avait, en quittant le Palais-Royal, Г©tГ© rejoindre Raoul aux Minimes du bois de Vincennes, et lui avait racontГ©, dans ses moindres dГ©tails, son entretien avec M. de Saint-Aignan; puis il avait terminГ© en disant que le message du roi Г  son favori n'amГЁnerait, probablement, qu'un retard momentanГ©, et qu'en quittant le roi de Saint-Aignan s'empresserait de se rendre Г  l'appel que lui avait fait Raoul.

Mais Raoul, moins crГ©dule que son vieil ami, avait conclu, du rГ©cit de Porthos, que, si de Saint-Aignan allait chez le roi, de Saint-Aignan conterait tout au roi et que, si de Saint-Aignan contait tout au roi, le roi dГ©fendrait Г  de Saint-Aignan de se prГ©senter sur le terrain. Il avait donc, en consГ©quence de cette rГ©flexion, laissГ© Porthos garder la place, au cas, fort peu probable, oГ№ de Saint-Aignan viendrait, et encore avait-il bien engagГ© Porthos Г  ne pas rester sur le prГ© plus d'une heure ou une heure et demie. Ce Г  quoi Porthos s'Г©tait formellement refusГ©, s'installant, bien au contraire, aux Minimes, comme pour y prendre racine, faisant promettre Г  Raoul de revenir de chez son pГЁre chez lui, Raoul, afin que le laquais de Porthos sГ»t oГ№ le trouver si M. de Saint-Aignan venait au rendez-vous.

Bragelonne avait quittГ© Vincennes et s'Г©tait acheminГ© tout droit chez Athos, qui, depuis deux jours, Г©tait Г  Paris.

Le comte Г©tait dГ©jГ  prГ©venu par une lettre de d'Artagnan.

Raoul arrivait donc surabondamment chez son pГЁre, qui, aprГЁs lui avoir tendu la main et l'avoir embrassГ©, lui fit signe de s'asseoir.

– Je sais que vous venez à moi comme on vient à un ami, vicomte, quand on pleure et quand on souffre; dites-moi quelle cause vous amène.

Le jeune homme s'inclina et commença son récit. Plus d'une fois, dans le cours de ce récit, les larmes coupèrent sa voix et un sanglot étranglé dans sa gorge suspendit la narration. Cependant il acheva.

Athos savait probablement dГ©jГ  Г  quoi s'en tenir, puisque nous avons dit que d'Artagnan lui avait Г©crit; mais, tenant Г  garder jusqu'au bout ce calme et cette sГ©rГ©nitГ© qui faisaient le cГґtГ© presque surhumain de son caractГЁre, il rГ©pondit:

– Raoul, je ne crois rien de ce que l'on dit; je ne crois rien de ce que vous craignez, non pas que des personnes dignes de foi ne m'aient pas déjà entretenu de cette aventure, mais parce que, dans mon âme et dans ma conscience, je crois impossible que le roi ait outragé un gentilhomme. Je garantis donc le roi, et vais vous rapporter la preuve de ce que je dis.

Raoul, flottant comme un homme ivre entre ce qu'il avait vu de ses propres yeux et cette imperturbable foi qu'il avait dans un homme qui n'avait jamais menti, s'inclina et se contenta de rГ©pondre:

– Allez donc, monsieur le comte; j'attendrai.

Et il s'assit, la tГЄte cachГ©e dans ses deux mains. Athos s'habilla et partit. Chez le roi, il fit ce que nous venons de raconter Г  nos lecteurs, qui l'ont vu entrer chez Sa MajestГ© et qui l'ont vu en sortir.

Quand il rentra chez lui, Raoul, pГўle et morne n'avait pas quittГ© sa position dГ©sespГ©rГ©e. Cependant au bruit des portes qui s'ouvraient, au bruit des pas de son pГЁre qui s'approchait de lui, le jeune homme releva la tГЄte.

Athos Г©tait pГўle, dГ©couvert, grave; il remit son manteau et son chapeau au laquais, le congГ©dia du geste et s'assit prГЁs de Raoul.

– Eh bien! monsieur, demanda le jeune homme en hochant tristement la tête de haut en bas, êtes-vous bien convaincu, à présent?

– Je le