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La race future

Эдвард Джордж Бульвер-Литтон

Edward Bulwer Lytton

La race future

PRÉFACE

Le livre que nous avons sous les yeux est bien un roman, mais ce n'est pas un roman comme les autres, car l'auteur s'est proposé de nous raconter non ce qui aurait pu arriver hier, ou autrefois, mais ce qui pourrait bien arriver dans quelques siècles. Les mœurs qu'il dépeint ne sont pas les nôtres, ni celles de nos ancêtres, mais celles de nos descendants. Il imagine bien une petite fable à la Jules Verne, et feint de supposer que la «Race future» existe dès maintenant sous terre et n'attend, pour paraître à la lumière du soleil et pour nous exterminer, que l'heure où elle trouvera son habitation actuelle trop étroite. Mais cet artifice de narration ne trompe personne, et il est évident que Bulwer Lytton a voulu nous donner une idée de la façon de vivre et de penser de nos arrière-neveux.

C'est lГ  une ambition lГ©gitime, quoique l'entreprise soit singuliГЁrement hardie. Il est permis de chercher Г  deviner ce que l'avenir rГ©serve Г  notre espГЁce. On connaГ®t le chemin qu'elle a parcouru; on peut dire oГ№ elle va. Sans doute on risque fort de se tromper, mais un romancier ne rГ©pond pas de l'exactitude de ses tableaux et de ses rГ©cits; on ne lui demande qu'un peu de vraisemblance. Quelquefois mГЄme on est moins exigeant et l'on se contente d'ГЄtre amusГ©. Les Voyages de Gulliver manquent absolument de vraisemblance, ce qui ne les empГЄche pas d'ГЄtre un chef-d'Е“uvre souvent imitГ©, jamais Г©galГ©. Il est vrai que les fictions de Swift ne sont que des vГ©ritГ©s dГ©guisГ©es et grossies, et qu'il a Г©crit sous une forme divertissante la plus amГЁre satire qu'on ait jamais faite d'un peuple, d'un siГЁcle, et mГЄme du genre humain.

L'auteur de la В«Race futureВ» a dГ» penser Г  son illustre devancier, car son hГ©ros est, chez les hommes du vingt-cinquiГЁme ou du trentiГЁme siГЁcle, ce que Gulliver lui-mГЄme est chez les chevaux du pays des Houyhnms, le reprГ©sentant d'une civilisation infГ©rieure, un barbare ignorant et corrompu en excursion chez les sages. Il y a seulement cette diffГ©rence que les chevaux de Swift ne sont que vertueux et heureux, tandis que les В«Vril-yaВ» de Bulwer sont, en outre, fort savants. La vertu et le bonheur ne nous donneraient plus l'idГ©e d'une supГ©rioritГ© complГЁte si l'on n'y joignait une grande puissance industrielle fondГ©e sur une connaissance approfondie des secrets de la nature. Le monde a marchГ©, depuis le temps de la reine Anne, et on ne se moque plus des Г©mules de Newton; c'est au contraire sur eux que l'on compte pour changer la face des choses.

Mais il est bien malaisГ© d'imaginer des hommes infiniment plus savants que nous: les grandes dГ©couvertes ne se devinent qu'Г  moitiГ©. Il est, au contraire, facile d'imaginer des hommes meilleurs que nous; les modГЁles abondent sous nos yeux, et le peintre de l'idГ©al trouve dans la rГ©alitГ© tous les Г©lГ©ments du tableau qu'il veut tracer. Quand Bulwer suppose que nos descendants seront maГ®tres d'un agent infiniment plus subtil et plus fort que l'Г©lectricitГ©, et qu'ils auront perfectionnГ© l'art de construire des automates jusqu'Г  peupler leurs habitations de domestiques en mГ©tal, on est tentГ© de le trouver bien tГ©mГ©raire. Mais quand il nous montre une sociГ©tГ© oГ№ la guerre est inconnue, oГ№ personne n'est pauvre, ni avide de richesses, ni ambitieux, oГ№ l'on ne sait ce que c'est qu'un malfaiteur, nous demeurons tous d'accord que c'est lГ  une sociГ©tГ© parfaite. Malheureusement l'auteur ne prouve pas que les merveilleux progrГЁs scientifiques qu'il est permis d'espГ©rer doivent avoir pour consГ©quence un progrГЁs non moins admirable de la moralitГ© humaine, ni que les hommes soient assurГ©s de devenir plus raisonnables que nous quand ils seront devenus bien plus savants.

Comme un roman n'est pas une dГ©monstration, l'auteur n'Г©tait pas obligГ© de nous persuader que les choses se passeront exactement comme il l'admet. Il aurait d'ailleurs pu rГ©pondr