Назад к книге «Deux farces inédites attribuées à la reine Marguerite de Navarre» [The Book of Edef, Queen Marguerite]

Deux farces inГ©dites attribuГ©es Г  la reine Marguerite de Navarre

Queen Marguerite

King of Navarre consort of Henry II Queen Marguerite

Deux farces inédites attribuées à la reine Marguerite de Navarre / La fille abhorrant mariaige—la vierge repentie—1538

INTRODUCTION

Tout brillants qu'aient Г©tГ© les Г©crivains du siГЁcle de Louis XIV, leur plus grande gloire est d'avoir donnГ© le dernier coup de lime Г  ce beau style que leur avaient transmis leurs ancГЄtres. Le siГЁcle suivant laissa la forme Г©clatante pour les grandes pensГ©es; le nГґtre, Г©clectique de sa nature, a cherchГ© Г  concilier les efforts de ses prГ©dГ©cesseurs, en couvrant de dehors pompeux des conceptions profondes et hardies: il a pГ©niblement gravi les sentiers qui le conduisaient Г  sa ruine. On attend une rГ©gГ©nГ©ration, et nous n'en voyons la possibilitГ© qu'en se retrempant aux sources vives de notre littГ©rature. Comment! les Е“uvres qui ont formГ© les La Fontaine, les Corneille, les Racine, les Pascal, les MoliГЁre, seraient-elles destinГ©es Г  n'enfanter plus que des pygmГ©es[1 - Nous avons, Г  notre grand Г©tonnement, retrouvГ© cette opinion dans GГ©rard de Nerval: BohГЄme galante (1 vol. in-12, 1856). Voyez le chapitre intitulГ©: Les poГЁtes au seiziГЁme siГЁcle, p. 17.]? Les fantaisistes de nos jours, en ne demandant qu'Г  eux-mГЄmes leurs inspirations, n'ont malheureusement rien produit; malgrГ© cette impuissance, chacune de leurs Е“uvres, ils le proclament, est une Minerve sortie tout armГ©e de leur cerveau. Ils n'ont Г©tГ© les Г©lГЁves de personne, et ils veulent ГЄtre les maГ®tres de tout le monde; mais plus ils Г©crivent, plus l'isolement se fait autour d'eux, et l'Г©cole toute-puissante par laquelle ils se croyaient vГ©nГ©rГ©s, s'Г©vanouit peu Г  peu et disparaГ®t comme un songe.

DiogГЁnes du dix-neuviГЁme siГЁcle, qui promenez partout votre lanterne pour trouver un homme, qui rencontrez-vous? ГЂ peine une ou deux figures oГ№ brille un rayon du feu sacrГ©. Les autres, sans expression, aux yeux incapables de fixer le ciel, portent les stigmates des races dГ©gГ©nГ©rГ©es.

OГ№ sont les littГ©rateurs?

Sont-ils dans ces feuilletons qui réimpriment en français de fantaisie mille anecdotes extraites de mauvais romans anglais ou français des deux derniers siècles? Si de patientes statistiques avaient relevé le nombre de romans parus, depuis qu'un livre a pu prendre ce nom, quel effroyable chiffre aurions-nous sous les yeux! En vérité, je le répète, les romans d'aujourd'hui sont faits, pour la plupart, avec des matériaux empruntés à ces romans d'autrefois, que leurs plagiaires ont raison de regarder comme oubliés à jamais dans les rayons poudreux des bibliothèques.

Sont-ils dans ces livres de critique remplis de nouvelles observations qui ne courent le monde que depuis deux cents ans; car si les romans abondent, que dirons-nous des journaux? Et pourtant ils n'Г©taient point connus avant 1600; moins de 150 ans aprГЁs, leur nombre, en France seulement, s'Г©levait Г  dix mille volumes. Si l'on pense de combien d'observations, de faits, ces volumes sont remplis, l'imagination s'effraie; mais depuis 1750, erreur de ce calcul, cent mille volumes sont venus s'ajouter aux dix mille autres? Qui voudrait se charger de compter les rГ©pГ©titions, les plagiats? Ce travail, la vie entiГЁre de bien des gens ne suffirait pas Г  l'accomplir.

Pour arriver au théâtre, qui doit m'occuper particulièrement, la littérature s'y est-elle réfugiée? Moins qu'autre part! Où puisent les auteurs du jour? Dans le répertoire des lazzis du théâtre italien, tissu de bons mots dont on a tant usé qu'il n'en reste plus que la trame; il n'est pas jusqu'à la première scène française qui ne nous ait offert plusieurs douzaines de ces niaises bouffonneries. Espérons que le goût public finira par se lasser, et exiger des écrivains qu'il enrichit des conceptions plus morales, plus spirituelles, et surtout mieux écrites; c'est aujourd'hui, plus que jamais, que le mot du courtisan est vrai.

– Comte ***, avez-vous été voir la pièce