L'AbbГ© de l'Г‰pГ©e: sa vie, son apostolat, ses travaux, sa lutte et ses succГЁs
Ferdinand Berthier
Ferdinand Berthier
L'AbbГ© de l'Г‰pГ©e: sa vie, son apostolat, ses travaux, sa lutte et ses succГЁs
PROLÉGOMÈNES
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Le 27 mai 1838 fut fondée à Paris (rue Saint-Guillaume, nº 9, au faubourg Saint-Germain) une société centrale des Sourds-Muets[1 - Résumé des travaux de l'ex-Société centrale des sourds-muets de 1838 à 1843, par MM. Lenoir et Allibert, professeurs sourds-muets. – Rapports sur l'état des recettes et dépenses de cette Société dans le même intervalle de temps, par MM. Dubois et Imbert, le premier sourd seulement, le second sourd-muet.], dont le but était de délibérer sur les intérêts de cette classe exceptionnelle, de réunir en faisceau les lumières de tous les sourds-muets épars sur la surface du globe et des hommes instruits qui ont fait une étude approfondie de cette spécialité, de resserrer les liens qui unissent cette grande famille, d'offrir à chaque membre un point de ralliement, un foyer de communications réciproques, et de leur procurer les facilités qui leur sont indispensables pour se produire dans le monde.
La Société centrale s'occupait, en outre, de fournir aux sourds-muets des moyens de réunion et d'études; de les entretenir dans de bonnes habitudes par l'assistance continuelle de leçons gratuites et de sages conseils; d'obtenir le placement de leurs ouvrages d'art, et de leur assurer le patronage des parlants qui, par leur position sociale et leurs relations, peuvent leur être utiles.
L'annГ©e de sa fondation fut marquГ©e par un Г©vГ©nement qui fera Г©poque. Les cendres de l'abbГ© de l'Г‰pГ©e, le pГЁre spirituel des pauvres sourds-muets, furent dГ©couvertes par ses enfants dans les caveaux de l'Г©glise Saint-Roch, Г Paris.
Il fut dГ©cidГ©, presque aussitГґt, qu'un monument serait Г©levГ© Г ces restes prГ©cieux. Honneur aux personnages Г©minents qui voulurent bien se mettre Г la tГЄte de cette Е“uvre rГ©paratrice, et qui formГЁrent le noyau de la commission chargГ©e de recueillir les fonds nГ©cessaires et d'en rГ©gulariser l'emploi!
A ces hommes dГ©vouГ©s notre Г©ternelle reconnaissance est acquise; la mГ©moire du cЕ“ur ne s'Г©teindra jamais chez les sourds-muets.
La commission que fondèrent nos amis se composait de MM. Dupin aîné, alors président de la chambre des députés, ancien procureur général à la cour de cassation, président; Chapuys-Montlaville, député, maintenant préfet, secrétaire; Villemain, de l'académie française, qui fut, plus tard, ministre de l'instruction publique; le baron de Schonen, alors procureur général à la cour des comptes, maintenant décédé; le baron de Gérando, alors pair de France, maintenant décédé; Cavé, alors directeur des beaux-arts au ministère de l'intérieur, maintenant décédé; l'abbé Olivier, curé de Saint-Roch, aujourd'hui évêque d'Évreux; Eugène Garay de Monglave, plus tard membre de la commission consultative de l'institution nationale des sourds-muets de Paris; Nestor d'Andert, artiste peintre; Ferdinand Berthier, doyen sourd-muet des professeurs de l'institution nationale des sourds-muets de Paris, président de la Société centrale; Forestier, sourd-muet, alors instituteur libre et vice-président de cette association, aujourd'hui directeur de l'école de Lyon, et Lenoir, professeur sourd-muet à l'Institution nationale de Paris, qui était secrétaire de la Société centrale.
A peine formГ©e, la Commission, en Г©mettant le vЕ“u qu'un Г©crit fГ»t consacrГ© Г l'historique des bienfaits de l'abbГ© de l'Г‰pГ©e et de la dГ©couverte de ses restes prГ©cieux dont nous dГ©plorions la perte, daigna, pour l'accomplissement de cette tГўche, jeter les yeux sur moi, pensant peut-ГЄtre que l'intervention d'un sourd-muet rГ©gГ©nГ©rГ© par ce grand homme exciterait naturellement l'intГ©rГЄt public et provoquerait les souscriptions.
Ce choix fut accueilli par l'unanime approbation de la SociГ©tГ© centrale.
M. FrГ©dГ©ric Peyson, sourd-muet, peintre d'histoire, Г©lГЁve de MM. Her